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Rencontre avec Jérémy Sinigaglia, sociologue et politiste

Publié le 22 octobre 2024 Mis à jour le 5 novembre 2024


Accueil en tant que Professeur invité à l’ULB de Jérémy Sinigaglia du lundi 2 au jeudi 5 décembre 2024

En collaboration avec le GRESAC et l’ENSAV/École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, la Filière de Gestion culturelle invite le Professeur Jérémy Sinigaglia pour un cycle de conférences et de séances de travail avec les enseignants, les chercheurs et les étudiants.

 


Biographie

Jérémy Sinigaglia est sociologue et politiste, maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg et membre du laboratoire SAGE (CNRS UMR 7363) - Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe. Ses recherches portent principalement sur les politiques, les professions et les pratiques culturelles. Il a notamment publié "Le nouvel esprit du service public", (dir. Avec Romain Pudal, Éditions du Croquant, 2024) et "Artistes plasticiens. De l’école au marché" (avec Frédérique Patureau, Presses de Science Po, 2020). Il est également co-rédacteur en chef de la revue Biens symboliques / Symbolic Goods. Revue des sciences sociales de l’art, de la culture et des idées.

Jérémy Sinigaglia est responsable pédagogique du Master 2 « Politique et gestion de la culture » à Sciences Po Strasbourg.

Vers sa page web

Ses domaines de recherche :

  • sociologie des politiques culturelles : analyses de la production de l’action publique culturelle (soutiens à la création artistique, politiques d’éducation artistique et culturelle, « new public management » dans l'administration de la culture…) ;

  • sociologie des professions artistiques et culturelles : rapports au travail et à l’emploi, (re)production des inégalités de classe et de genre dans les carrières artistiques (spectacle vivant et arts visuels), diffusion d’un « ethos managérial » dans le champ artistique ;

  • sociologie des publics et des pratiques culturelles : analyses localisées des sorties culturelles, observation de « projets » d’éducation artistique et culturelle.

Programme du cycle de conférences


 

LUNDI 02 DÉCEMBRE 18h-20h : conférence à La Cambre (école arts visuels)

« Une distribution bien réglée : marché ouvert vs espace fermé dans le champ artistique »

Résumé : dans les travaux de recherche en sciences sociales, les arts sont souvent présentés comme « marché ouvert » ou comme un champ caractérisé par des « droits d’entrée » particulièrement faibles. Les arts constituent en réalité un espace de positions très structuré, hiérarchisé et, finalement, très fermé. La conférence visera à mettre en évidence les inégalités de position, de trajectoire et de conditions sociales et surtout les modalités de la distribution des places au sein de des espaces professionnels des arts du spectacle et des arts visuels.


 

MARDI 03 DÉCEMBRE 10-12h : leçon pour les étudiants de Gestion culturelle (MA2) à l’ULB

« L’art contre ou au service de l’ordre social ? Sociohistoire des politiques d’éducation artistique en France (1970-2020) »

Résumé : la leçon propose d’examiner les transformations des finalités attribuées à l’éducation à l’art en France en s’appuyant sur les résultats d’une enquête sociohistorique (Chopin et Sinigaglia) remontant à la fin du 19ème siècle et centrée principalement sur les cinquante dernières années. On montrera que, si l’idée selon laquelle les arts et les médias participeraient à la genèse de dispositions critiques est loin d’être nouvelle, cette longévité masque un ensemble de métamorphoses, conduisant à un retournement de la signification accordée à cette visée en éducation. Alors que la pensée critique était considérée par les animateurs des Universités populaires comme un instrument de résistance contre l’ordre social, et comme une condition nécessaire au développement de mobilisations visant des transformations politiques, ses usages contemporains dans les politiques publiques d’éducation artistique et culturelle renvoient davantage à une logique de préservation, voire de protection, de l’ordre social et politique établi.


 

MERCREDI 04 DÉCEMBRE 10-12h : leçon pour les étudiants de Gestion culturelle (MA1) à l’ULB

« Mondes, marchés, champs : enjeux  théoriques et professionnels des catégorisations scientifiques des activités artistiques »

Résumé : La leçon part du double constat suivant. D’une part, comme tous les domaines de spécialisation de la recherches en sciences sociales, la sociologie des arts et de la culture a ses frontières – externes (avec les autres disciplines) et internes (entre portions sous-disciplinaires) – et ses divisions théoriques. De l’autre, les catégorisations conceptuelles produites par les sciences sociales circulent en dehors du champ académique et font l’objet de réappropriations diverses dans les espaces professionnels. Ce double constat impose la nécessité d’une clarification des concepts, de leurs usages et des « effets de théorie » qu’ils sont susceptibles de produire auprès des professionnels. On s’intéressera ici principalement à trois d’entre eux, en se demandant quels sont les enjeux, dans le contexte de la recherche mais aussi les contextes politiques et professionnels, à parler de « mondes », de « marchés » ou de « champ » pour désigner les activités artistiques.


 

JEUDI 05 DÉCEMBRE 18h-20h : conférence à l’ULB/GRESAC

« Conditions et enjeux de la diffusion d’un éthos managérial dans le champ artistique en France (1970-2020) »

Résumé : La conférence vise à mettre en relation la redéfinition contemporaine des politiques culturelles, amorcée dans les années 1970 en France, et la transformation des pratiques des agents du champ artistique, en particulier des artistes du spectacle vivant et des arts visuels. L’hypothèse défendue est que le « tournant économique » et plus précisément « managérial » de l’action publique culturelle à tous les niveaux de l’État, renforcé par la construction d’un champ de la formation au « management culturel », a contribué à reconfigurer le champ artistique et à transformer les dispositions de ses agents : agents administratifs des services culturels des collectivités, intermédiaires du travail artistique (chargés de production, de diffusion, etc.) et artistes dans les domaines du spectacle et des arts visuels, conduits à se comporter comme des entrepreneurs de leur propre carrière. Ce nouvel impératif, valorisant les « conduites stratégiques » et impliquant l’acquisition de « dispositions rationnelles » (au sens de Bourdieu), engendre un renforcement des inégalités de carrière (de classe et de genre notamment) au sein des professions artistiques. Au-delà du cas des artistes, la conférence sera l’occasion d’aborder une question plus large : comment les politiques (publiques) forment et transforment les dispositions de leurs destinataires.


Lieu : Campus du Solbosch - Auditoire R42.5.503